Une éthique de l’idiotie: l’œuvre de Pierre Senges

TitleUne éthique de l’idiotie: l’œuvre de Pierre Senges
Publication TypeBook Chapter
Year of Publication2010
AuthorsCamus, Audrey
EditorsDambre, Marc, and Richard Golsan
Book TitleL’Exception et la France contemporaine. Histoire, imaginaire, littérature
CityParis
PublisherPresses de la Sorbonne Nouvelle
Pages169-179
ISBN Number978-2-87854-467-1.
Résumé

Pierre Senges aime les histoires à dormir debout: ainsi a-t-il entre autres essayé de nous convaincre que l’Amérique n’existait pas, et que tous les malheureux qui depuis Icare ont chu en plein ciel sont tombés de bon gré. C’est que le goût des sornettes qu’il cultive s’accompagne d’une prédilection pour les ahuris – non seulement ceux qui chutent quand il faudrait voler, mais encore ceux qui ne savent plus très bien qui ils sont, ceux qui orchestrent leur propre découpage en morceaux, ceux qui cherchent à comprendre les feux rouges quand autour d’eux le désert s’étend à perte de vue, ou ceux qui fomentent une fin du monde botanique. Leur rendant hommage comme à des amis chers, Pierre Senges a même fini par en constituer un catalogue*.

On peut penser que les curieux objets littéraires de sa fabrication
lui vaudraient de figurer en bonne place dans cette galerie d’idiots ;
il ne faudrait pas le croire inoffensif pour autant. À l’instar de son
jardinier adventice semant l’Apocalypse avec un air bonhomme, l’auteur
nous propose un divertissement rien moins que subversif sous couvert de renversement ludique – il n’est pas anodin que Candide lui fournisse le procédé de l’estrangement, et que sa Géométrie dans la poussière emprunte aux Lettres Persanes. Par l’entreprise de dévastation systématique à laquelle il se livre, Senges ébranle nos certitudes et nos valeurs. Substituant la subjectivité à l’idéologie et l’ironie à la bonne conscience, son œuvre participe ainsi d’une éthique de l’idiotie que l'on se propose d’analyser.

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*Bibliographie de Pierre Senges en 2007: aux éditions Verticales (Paris): Veuves au maquillage, 2000, Ruines de Rome et Essais fragiles d’aplomb, 2002; La Réfutation Majeure et Géométrie dans la poussière, 2004; Sort l’assassin, entre le spectre, 2006. Aux éditions Bayard (Paris): L’Idiot et les hommes de paroles, 2005.

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Présentation du volume par l'éditeur

La France est souvent représentée comme « le pays de la littérature ».C'est pourquoi, si le volume retient du cliché « l'exception française »la notion culturelle, il privilégie l'exception dans les formes littéraires. 

La perspective générale du volume fait apparaître les deux dominantes.Une première partie, « Histoire, imaginaire », développe la relation entre histoire et société, exception nationale et culture. La seconde, « Littérature », s'attache aux ouvres modernes et contemporaines qui,jouant de la référence, nationale ou non, résistent à la règle et parfois la refondent.

Aux points de vue de vingt chercheurs littéraires, de part et d'autre de l'Atlantique, répondent ceux de l'historien (Henry Rousso), de l'essayiste (Pascal Bruckner), du critique (Pierre Assouline) et du romancier (Philippe Vilain).

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos, par Marc Dambre et Richard J. Golsan

I. Histoire, imaginaire

Aujourd’hui

A-t-on encore besoin des historiens ? Exception française et rapport contemporain au

passé,

par Henry Rousso

Quand le bourreau devient le témoin. Réflexion sur Les Bienveillantes de Jonathan Littell,

par Susan Rubin Suleiman

Les Bienveillantes et sa réception critique : littérature, morale, histoire, 

par Richard J. Golsan

Houellebecq ou l’exception française,

par Maud Granger Rémy

L’impératif moderne et le scandale du passé,

par Nathan Bracher

L’exception française ou le narcissisme de l’échec,

par Pascal Bruckner

Modernités

Classicisme vs modernité : le théâtre « classique » comme genre de la différence ou l’anti-

exception française,

par Hélène Merlin-Kajman

« L’amour est un drôle de drame » : romans familiaux du libéralisme. 

Maupassant et Beigbeder,

par Ralph Schoolcraft

Stratégies de l’autocensure chez Mireille Havet et Laure Charpentier, 

par Melanie Hawthorne

Michel Leiris et l’esthétique de la race dans L’Afrique fantôme,

par Ruth Larson

Un trouble impudique des genres dans l’Aurélia Paris,

par Anaïs Frantz

Formes génériques de la sororité : à l’exemple de Ombre sultane d’Assia Djebar, 

par Mireille Calle-Gruber

II. Littérature

Poétiques

La biographie, d’un rivage l’autre,

par Pierre Assouline

L’exception théorique : l’autofiction,

par Philippe Vilain

Une éthique de l’idiotie : l’œuvre de Pierre Senges,

par Audrey Camus

L’engagement poétique d’Antoine Volodine : le communisme de la parole, 

par Sabrinelle Bedrane

Ryoko Sekiguchi, au « marché » de l’échange poétique,

par Anne Mairesse

Triangulation poétique,

par Dominique Rincé

Esther Tellermann : l’exception d’une parole incarnée,

par Laurent Fourcault

Romanesques

Le choix du romanesque dans Le Hussard sur le toit de Jean Giono, 

par Alain Schaffner

Résistance et réticences du romanesque : André Dhôtel,

par Marie-Hélène Boblet

Bernard Frank, sans nouveau roman,

par Marc Dambre

Fuir, le furieux refus de Jean-Philippe Toussaint,

par Aurélien Pigeat

L’exception démocratique de l’écriture : Laurent Mauvignier,

par Johan Faerber

URLhttp://psn.univ-paris3.fr/