Au défaut de sérieux de l’auteur, redoublé par le refus de l’âge adulte de ses personnages, l’œuvre vianesque doit sans doute sa situation ambiguë dans le champ des lettres françaises, où elle apparaît une sorte de classique pour adolescents. Une œuvre à certains égards immature donc, point de vue que la publication tardive des textes de jeunesse a pu tendre à conforter. Or, ce qui séduit un tel public, et ce qui nous séduit dans les romans de Vian, dépasse largement cette réception de l’œuvre à laquelle il n’est pas étranger : c’est cet esprit d’enfance auquel les uns sont sensibles et les autres récalcitrants, et sur lequel il s'agit de s’arrêter pour comprendre précisément de quoi il procède. Il semble bien en effet que ce qui se joue ici est fondamental, dans la mesure où l’enfance à laquelle l’écriture paraît puiser sa source n’est nullement ce pays perdu que nombre d’écrivains ont tenté de reconquérir par la mémoire, mais bien plutôt le moyen de l’écriture elle-même, ce par quoi celle-ci advient au présent.
Boris Vian: l’enfance de l’écriture
18 June, 2007 - 12:00 - 12:30
«Boris Vian: l'enfance de l'écriture», communication dans le cadre du colloque international Boris Vian du CERACC organisé par Audrey Camus à l'université de Paris III- Sorbonne Nouvelle les 18 & 19 juin 2007.
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