« How to do Things with Words ? »

Par la réappropriation ironique de ce titre de J. L. Austin, on voudrait apporter une réponse singulière à la question de savoir à quoi sert la littérature aujourd’hui, à travers l’étude d’une certaine production française contemporaine et l’exemple représentatif de trois auteurs (Éric Chevillard, Pierre Senges et Antoine Volodine). Plutôt que d’excuser le caractère mensonger de la fiction ou sa fonction de divertissement par ses vertus cognitives afin de la faire accepter comme un discours sérieux, il s'agit plutôt ici d’affirmer l’illusion et le jeu, pour renouer avec la dimension créatrice de la fiction. Dans une telle perspective, l’écrivain cesse de concurrencer l’historien dans la course à la représentation, il assume pleinement son statut d’inventeur de monde. On assiste ainsi, d’une certaine manière, à un renversement de la théorie des actes de langage, puisque l’énonciation fictionnelle devient le lieu par excellence de la performativité. La parole de l’écrivain ayant le pouvoir de faire advenir ce qu’elle énonce au sein du récit, comment ce pouvoir peut-il déborder du cadre du livre ? C’est ce que l’on se propose de considérer dans le cadre de cette conférence.