L’Insignifiant

17 December, 2004 - 18:00 - 3 June, 2005 - 20:00

Séminaire doctorants/post-doctorants du CERACC, UMR 7171 «Écritures de la modernité» (Université Paris III – CNRS), coordonné par Mathilde Barraband, Sabrinelle Bédrane, Audrey Camus, Johan Faerber, Audrey Lasserre & Aurélien Pigeat, ainsi que Camille Deltombe & Aline Marchand.

Année universitaire 2004-2005: «L'insignifiant».

Le vendredi de 18h à 20h, Sorbonne - 17 rue de la Sorbonne - 75005 Paris - Salle de l'école doctorale.

L’insignifiant, en matière de récit, est digne d’attention.
C’est déjà sur cette observation que Barthes fondait, en 1968, son étude du détail inutile. Si l’on a remis en cause depuis le mécanisme de l’effet de réel, la question de l’insignifiant, que nous soumettons cette année à votre réflexion dans le cadre du Séminaire doctorants/post-doctorantes du CERACC demeure pertinente à plus d’un titre.

Est insignifiant ce qui ne présente aucun intérêt. Or une histoire est toujours extraordinaire. La fascination qu’exerce au vingtième siècle le pas grand-chose et le presque rien sur les écrivains comme sur les critiques, qu’ils prennent la forme de l’impudeur, de l’ironie ou de la réticence tient sans doute dans cette contradiction : décrire l’infra-ordinaire consiste bel à bien à poser un regard neuf sur les choses, l’insignifiant perd son insignifiance dès qu’on l’interroge.

Est insignifiant ce qui n’est pas important, n’a pas de conséquence. Or la narration nécessite un agencement des faits, impose tri et sélection, fondant le lecteur à chercher la fonction de ce qui semble n’en pas avoir. Le détail est tantôt petite partie d’un objet ou d’un ensemble, tantôt résultat d’une sélection opérée par l’observateur. De ce point de vue l’insignifiant, qui change de polarité selon qu’il est jugement critique ou revendication, pose également, en tant qu’objet de dédain, la question de la valeur.
Est insignifiant, pour finir, ce qui n’a pas de signification, de sens. Or le récit a pu être perçu comme un lieu de sécurisation ontologique transmuant les personnages en protagonistes, les lieux en théâtre, les faits en événements. Dès lors l’expression de l’insignifiance du réel, que revendiquait Robbe-Grillet en 1956 comme «Une voie pour le roman futur», est-elle possible?
Autant de pistes, non exhaustives, sur lesquelles nous vous invitons à réagir.

Chaque intervenant présentera une communication de 45 minutes. Celle-ci sera suivie d’un débat d’une heure avec les membres de l’assistance.

PROGRAMME:
17 décembre – « Les paradoxes de l’insignifiant », introduction du séminaire par Audrey Camus, université de Paris III-CERACC.
– «L'insignifiant au carré: le détail inutile», Allan Diet, ATER Paris III .

7 janvier –« Insignifiances du biographique », Alexandre Gefen, université de Neuchâtel.

4 février – « Le pouvoir infini de l'infime chez Marguerite Duras ». Aline Mura-Brunel, professeur à l'université de Pau et des Pays de l'Adour.

18 mars – « L'insignifiant : de Barthes à Proust », Stéphane Chaudier, maître de conférences à l'université Jean Monnet (Saint-Etienne).

1er avril – « De l'effet de réel à l'effet de quotidienneté : métamorphoses de l'insignifiance », Florence Bouchy, AMN Bordeaux III.

27 mai –« Cinq fois rien: Songe ou l'écriture de l'insignifiant », David Ruffel, Montpellier III.

3 juin –« Valeur littéraire et insignifiant », Marie-Odile André, maître de conférences à l’université Paris X-Nanterre.