Le roman selon Volodine

16 July, 2010 - 11:00 - 12:00

Communication au colloque Antoine Volodine et les voix du post-exotisme de Cerisy organisé par Frédérik Detue et Lionel Ruffel, avec la participation d'Antoine Volodine.

En dépit de la remarquable inventivité formelle qui caractérise la pratique de l’auteur, et de quelques incartades éditoriales, les textes signés Antoine Volodine paraissent généralement sous la mention «roman», ce qui subordonne de facto ses diverses créations au genre. Au nombre de celles-ci figure par ailleurs le romånce, que les écrivains post-exotiques affirment avoir inventé pour ne pas être mêlés aux tentatives de rénovation du roman ayant cours au-delà des murs de leur univers carcéral. On peut se demander si l’écriture volodinienne, volontiers agonistique, ne renouvelle pas la forme romanesque tout en lui tournant résolument le dos. C’est la nature de ce renouvellement marginal et autarcique qu’il s’agira d’interroger, dans la tension qu’il instaure avec les formes brèves, la poésie ou le théâtre, mais aussi dans ce qui fait de l’œuvre une œuvre fondamentalement romanesque.

Présentation du colloque

L’œuvre de fiction d’Antoine Volodine construit une fiction d’œuvre, dont elle a même forgé la théorie. Elle constitue donc un objet difficile à identifier: quel usage critique et théorique faire des notions qu’elle crée pour se définir, à commencer par celle de «post-exotisme»? Même la place, pourtant essentielle, qu’on lui accorde dans le paysage littéraire français actuel paraît problématique, puisque le post-exotisme se donne pour une «littérature étrangère en français» ou encore une «littérature des poubelles».

Le questionnement sur la situation de l’œuvre, sa fonction critique, le jeu avec son intertexte, ne peut faire l’économie de son rapport, étroit, à l’histoire catastrophique du XXe siècle. Etant donné l’échec révolutionnaire qui hante le post-exotisme, que reste-t-il de l’articulation moderne entre la littérature et la politique? Cet échec apparaît comme un trauma qui laisse le monde livré à la passion humaine de l’autodestruction, au désespoir, à l’«humour du désastre». Mais on peut observer des résistances: les "engagés écrivains" du post-exotisme témoignent, sabotent le réel en usant du merveilleux… L’écrivain oppose-t-il alors à sa vision d’apocalypse un idéal (ou une nostalgie d’idéal)?