Formes contemporaines de la ménippée

Recherche postdoctorale subventionnée par le Centre de Recherche Interuniversitaire sur la Culture et la Littérature Québécoises puis par le Centre Figura, menée à l'Université de Montréal en 2006-2007 et à l'UQÀM en 2007-2008.

La dissolution présumée des genres dans la modernité comme la bigarrure caractéristique de cette forme sans règles qu’est le roman ont fait du mélange l’apanage de la littérature du XXe siècle, tendant à dénier toute spécificité aux œuvres pour lesquelles l’hybridité générique et tonale est un enjeu, et à nous priver ainsi des moyens de les appréhender. Cette pratique du composite, qui ressurgit en fait périodiquement au cours de l’histoire littéraire, n’est cependant pas nouvelle, et peut-être éclairée, pensons-nous, par sa mise en relation avec le genre carnavalesque de la ménippée qui en est l’incarnation exemplaire. En effet, si l’on a pu considérer le roman moderne comme l’héritier de la satire ménippée antique, il semble qu’en se tournant vers elle à présent, celui-ci fasse de son « impureté » constitutive une revendication: sa transgénéricité n’apparaît plus l’expression anodine d’une intégration harmonieuse mais, à travers l’intertextualité parodique qui lui est propre, celle d’un assemblage discordant, et partant subversif. C’est l’hypothèse qu’il va s’agir pour nous de vérifier à travers l’étude de quelques œuvres contemporaines éminemment ménippéennes, ainsi que de leurs antécédents modernes.