En haine du roman: «la marquise toujours recommencée»

4 Juin, 2009 - 14:15 - 14:45

Communication au colloque Figura Les Entours de l’œuvre. La Littérature française contemporaine par elle-même organisé par Mathilde Barraband et Jean-François Hamel les 4 et 5 juin 2009 à l’Université du Québec à Montréal en salle D-R200 (Pavillon Athanase-David, 1430 Rue Saint-Denis).

Lorsqu’en 1924, dans le premier Manifeste du Surréalisme, André Breton part en guerre contre le genre romanesque, c’est à travers la condamnation, attribuée à Paul Valéry, d’une phrase emblématique passée à la postérité : « la marquise sortit à cinq heures ».
Il est frappant de constater que cette formule en apparence anodine sert invariablement depuis à reconduire l’anathème : on la retrouve sous la plume d’André Gide écrivant Les Faux-Monnayeurs, de Nathalie Sarraute diagnostiquant l’entrée du roman dans « l’ère du soupçon » et si Julien Gracq plus tard en fait la critique, nombre d’écrivains contemporains l’adoptent volontiers pour remettre en cause à leur tour une certaine conception du genre.
Mais le plus curieux n’est peut-être pas tant la fortune de cet énoncé que la destinée de la fameuse marquise qui endosse inlassablement la haine du roman depuis maintenant près d’un siècle, en dépit d’une condamnation sans appel qui aurait pourtant dû la reléguer dans l’oubli. Loin s’en faut puisqu’on la croise régulièrement ici et là, dans Les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau par exemple, dans le roman de Claude Mauriac auquel elle fournit l’argument ou, encore tout récemment, dans le rôle-titre d’un court texte d’Éric Chevillard intitulé « la marquise toujours recommencée » qui, sous couvert de la parodie, met en scène une manière de parabole sur les pouvoirs du romanesque. On se propose donc d’emboîter le pas à cette infatigable héroïne pour interroger la place qui est la sienne dans le discours sur le roman, l’étrange pérennité du modèle balzacien qu’elle semble incarner et la fictionnalisation du commentaire dont elle constitue le vecteur privilégié.

 

Programme du colloque:

  • Le jeudi 4 juin 2009

9h45    Accueil
10h      Mots de bienvenue

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Pratiques réflexives
Présidence de séance : Marie-Pascale Huglo (Université de Montréal)

10h15   Laurent Demanze (Université de Lille 3), « Gérard Macé : les entours et les détours »
10h50   Nathalie Roy (Université Laval), « Toucher à l'invisible, ou comment "ensauvager le domesticateur" : littérature et spéculation chez Pascal Quignard »

11h25   Pause

11h45   Martine-Emmanuelle Lapointe (Université de Montréal), « La folie des grandeurs. L’écrivain et la chose littéraire dans les essais de Richard Millet  »

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Fictions théoriques
Présidence de séance : Sylvano Santini (Université du Québec à Montréal)

14h15   Audrey Camus (Université McGill), « En haine du roman : "la marquise toujours recommencée" (Éric Chevillard) »
14h50   Lucie Bourassa (Université de Montréal), « Dlalang et d’la Patmo : poétique et langage chez C. Tarkos et K. Molnár »
15h25   Jean-François Hamel (Université du Québec à Montréal), « Exodes. Remarques sur littérature et politique »

16h      Pause

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Rencontre

16h30   François Bon (Écrivain, France), « La littérature comme action »

Lancement

18h      Lancement de l'ouvrage Le temps contemporain : maintenant, la littérature, au Café-Bar de la Cinémathèque québécoise (335, boul. de Maisonneuve Est, Montréal).

  • Le vendredi 5 juin

Figures imposées
Présidence de séance : René Audet (Université Laval)

9h45     Accueil
10h       Stéphane Inkel (Queen’s University), « Les images du cabinet de Pierre Bergounioux »
10h35   Virginie Harvey (Université du Québec à Montréal), « Michon le meuble : entretiens dans la pièce d'à côté »

11h10   Pause

11h30   Alain Farah (Université du Québec à Montréal), « Situation de l'écrivain en 1997. Quintane et Tarkos, commentateurs de leur émergence »

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Figures imposantes
Présidence de séance : Jean-François Hamel (Université du Québec à Montréal)

14h       Michel Biron (Université McGill), « L’hétéronomie de la littérature »
14h35   Audrey Lasserre (Université Paris 3), « Les héritières. Les écrivaines d’aujourd’hui et les féminismes »

15h10   Pause

15h30   Mathilde Barraband (Université du Québec à Montréal), « L’entretien avec Jean-Paul Sartre. Le questionnaire implicite du discours sur la littérature des écrivains Verdier »
16h05   Katerine Gosselin (Université McGill), « Claude Simon dans le discours des écrivains contemporains »

 

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